historique des cours d’eau
Cet article a été écrit pour l’association le Luc au sec mais cette association n’est plus active et risque d’être supprimée.
Les cartes proviennent du site http://www.geoportail.gouv.fr/accueil
Comprendre le passé pour comprendre le présent
L’inondation du 15 juin 2010 a rappelé de manière brutale que la commune avait un réseau hydrographique et que ce réseau n’était pas en état d’absorber de fortes précipitations. Il a été dit que le Solliès fait 5 mètres de large dans le village et seulement 1 mètre au niveau de la voie ferrée. La méconnaissance du réseau et de son histoire ne permet pas de comprendre la situation ni de l’améliorer.


La carte de Cassini est
la première carte métrée de France. Commandée par Louis XIV au savant
Cassini, elle ne sera établie qu’au XVIIIème siècle pour le Luc.
La carte n’est évidemment pas très précise. On remarque qu’un seul cours
d’eau traverse la commune, son nom est écrit dans la courbe vers l’Est :
Ritor R . Il s’agit de ce que nous appelons aujourd’hui le Coudoumier
en amont du Luc et le Solliès en aval. Le Riautort n’est pas mentionné
vers sa source, le réseau des arrosants non plus. Il se peut que les
géographes de l’époque aient simplifié leur travail et commis quelques
erreurs mais il se peut aussi que le cours d’eau ait été fortement
modifié depuis.
Quand on superpose la carte de Cassini et une photographie aérienne on
constate que le cours d’eau serpente dans la plaine vers le Sud, qu’il
suit le chemin de Repenti et qu’il passe par l’emplacement de l’actuel
passage sous la voie ferrée. Cela correspondrait à une rumeur selon
laquelle le chemin de Repenti est l’ancien lit du Solliès.



La carte de l’état major (1820 1866)
est beaucoup plus précise. Au Sud du village, c’est à dire après la
place de la Liberté, il y a une zone en bleu qui peut laisser penser
qu’il y avait un étang ou un marécage qui s’étendait jusqu’au stade
actuel ou bien il s’agissait de jardins arrosables
Le réseau hydrographique est très complet. On peut voir de nombreux
canaux et la voie ferrée (C’est le PLM Paris-Lyon-Marseille qui est
prolongé jusqu’à Nice en 1862) est tracée. Cette carte est donc
fondamentale parce qu’elle montre l’état du réseau à un moment où la
construction de la voie ferrée a tenu compte des écoulements nécessaires
pour la bonne évacuation de l’eau malgré le remblai de la voie ferrée
qui fait barrage.
Cette carte mentionne tout un réseau de canaux raccordés à la rivière qui est encore nommée Ritord. Ces
canaux sont sans doute plus anciens que la carte elle-même parce qu’ils
sont essentiels à la vie de la commune qui dépendait de l’agriculture
depuis son origine.
L’eau ne servait pas à arroser les oliviers, ni la vigne, ni les
cultures en restanques. On imagine que le blé n’était pas non plus
arrosé. L’eau devait par contre servir à arroser les jardins. Sur cette
photographie aérienne de la route des Mayons, les parcelles cadastrales
sont nombreuses, de faible surface et étroites de part et d’autres d’un
canal d’arrosage qui se prolonge vers le Sud avant de traverser la voie
ferrée. On peut imaginer que c’étaient des jardins potagers possédés ou
loués par des personnes habitant le village et que ces personnes
produisaient des légumes et des fruits pour leur propre consommation.
L’eau était essentielle et l’arrosage devait se faire par gravité « à la
raie ».
Cet usage de l’eau pour des cultures potagères ne devait pas pour autant
consommer beaucoup d’eau. Il est probable que ce sont les prairies qui
consommaient le plus d’eau. En effet, jusqu’au début du XXème siècle,
les ânes, mules, chevaux… étaient essentiels pour l’agriculture.
Beaucoup de maisons anciennes du village disposent d’un garage alors
qu’il n’y avait pas de voitures quand elles ont été construites. Il
s’agissait de l’écurie. Le foin et la paille étaient stockés au grenier
et on peut encore voir des poulies au bout de potences. On pourrait
évaluer le nombre de chevaux présents au village et en déduire la
surface qui était consacrée au foin dont ils avaient besoin. L’arrosage
des prairies permettait de faire au moins deux coupes et l’arrosage
était donc essentiel. Cela explique peut-être le réseau très développé
de canaux dont il est sans doute impossible d’évaluer la longueur et la
capacité totale. On peut en tirer plusieurs conclusions :
– Le Solliès n’est plus une rivière
naturelle depuis longtemps. Elle a été canalisée, ses rives bâties, son
cours détourné en de nombreux endroits. Elle a aussi servi de
tout-à-l’égoût jusqu’à une époque très récente. Les usines Jean-Guy y
déversaient leurs saumures, la distillerie Roch-Maures ses fonds de
cuves…
– Il y avait certainement un syndicat des arrosants pour partager cette ressource.
– Le Solliès au niveau de la voie ferrée près du passage à niveau ne
devait plus recueillir que le reliquat de ce qui avait été utilisé pour
arroser et peut-être était-il à sec en fin d’été.
– Les canaux, ruisseaux, fossés devaient faire l’objet d’un entretien régulier pour bénéficier de la ressource.

Les ingénieurs qui ont tracé la voie ferrée ont certainement pris en compte le problème de l’eau. En effet, la voie ferrée traverse la plaine perpendiculairement à la pente principale Nord/Sud. Le remblai met la voie ferrée à l’abri d’une inondation. Il semble que cette section n’ait jamais été fermée pour cause d’inondation. De plus, des passages ont été aménagés pour que l’eau puisse s’écouler vers le Sud. On peut imaginer que ces passages ont été dimensionnés en rapport avec le débit constaté à l’époque.
Le passage n°1
Le passage n°2
Le pont sous la voie ferrée n’est pas mentionné comme un passage alors qu’en période d’inondation le pont est impraticable.
Entre le pont sous la voie ferrée et le passage n°3 il y a 3 passages de 0,50 m qui ne sont pas mentionnés et qui sont aujourd’hui bouchés.
Le passage n°3 correspond au Solliès actuel au niveau du passage à niveau. Il fait 0,90 m de largeur et ? de profondeur potentielle. Un câble électrique passe en biais dans l’ouverture. Le réseau des câcbles SNCF passe devant.
Le passage n°4 fait 1,90 m de largeur et ? de profondeur potentielle. C’est le plus grand passage alors qu’il n’y passe que 20 à 25% de l’eau.
Le passage n°5
La largeur totale est de plusieurs mètres et la section potentielle de plusieurs m². Aujourd’hui (en 2015) on demande au passage n°3 d’absorber la totalité de l’eau ce qui est bien sûr impossible. L’eau déborde donc vers l’Est dans les champs et vers l’Ouest sur le chemin de Repenti et dans les lotissements voisins.
Il faudrait pouvoir rechercher des informations contemporaines de cette carte pour savoir si la construction de la voie de chemin de fer a généré des inondations dès sa construction ou si il s’est avéré que les ingénieurs avaient correctement dimensionné les passages.
Le site Geopotail permet d’afficher le réseau hydrographique :

A cette échelle, le Solliès n’est pas tracé à son emplacement officiel le long de la D33. Le réseau paraît déjà complexe. Le Riautort est bien mentionné. On voit clairement que la D33 est un point haut et que l’eau s’écoule vers le Sud de chaque côté.

En changeant d’échelle, le Solliès est bien tracé le long de la route des Mayons (D33) :
Néanmoins la carte ne donne aucune indication sur la taille des cours d’eau et encore moins sur leur état. De plus, pour quelqu’un qui connaît le terrain, il est facile de relever des erreurs.